Etc
Mes réflexions, mes projets vidéo, mes travaux de cours...
"Pourquoi encore un homo... ?"
Au début de cette année 2025, j'ai présenté une pièce, En cherchant la Pervenche, au festival de mon université. Lors de l'audition, l'une des questions que le jury m'a posées était "pourquoi un couple homosexuel ?". C'était une question à laquelle je m'attendais, puisqu'on me l'a posée quelques centaines de fois au cours de ma vie, depuis que j'ai commencé à écrire plus sérieusement et à m'intéresser à la représentation homosexuelle dans mes œuvres. Elle ne m'a pas surpris. Pourtant, devons-nous réellement nous justifier ?
C'est vrai, non ? Pourquoi doit-on se justifier lorsqu'on crée des personnages homosexuels ? Doit-on avoir une raison profonde ? Et, s'il faut une raison, pourquoi ne pas questionner l'inverse ? On ne dit pas "pourquoi un couple hétérosexuel", non ? Non, puisque l’hétérosexualité est perçue comme neutre, naturelle, évidente. Être hétérosexuel, c'est ce qu'on considère comme la norme, la base. Alors, il faut forcément une raison lorsqu'on décide de s'en éloigner. Représenter la déviance est donc perçu comme un choix militant, qui cache une envie politique. Je ne vais pas dire que ce n'est pas politique ! Car tout l'est fondamentalement, et ce serait une erreur de prétendre le contraire... Cependant, il faut cesser de croire que ces représentations ne servent qu'à prouver quelque chose, à dénoncer, à servir une idée... Puisque, dans ce cas, le simple fait d’exister en dehors de ladite norme devient un acte suspect ou dérangeant, qu'on doit expliquer. Conséquences de la maladie qui gangrène encore (et toujours) la société actuelle : l'inconfort vis-à-vis de la diversité.
Comme cette question semble intéresser tous celleux qui se penchent sur les textes des "gens comme moi" : je crée des personnages homosexuels parce que je suis pédé, que j'aime profondément et passionnément les hommes et que je veux en parler. Non, je ne sers pas une idée militante par le seul choix de l'orientation de mes personnages (mes idées militantes se trouvent ailleurs dans mon verbe), et ce n'est pas avec cela que je veux choquer et provoquer. J'écris des invertis, parce que notre amour mérite d’exister sur scène, tout simplement.
Et si, vraiment, nous devons interroger la sexualité d’un personnage : je ne suis pas contre. Mais, pitié, faisons-le dans les deux sens. "Pourquoi parler d'un couple hétérosexuel ?", "Pourquoi ce choix ?".
Et je vous laisserai en vous disant ceci : la vraie liberté artistique est de pouvoir créer sans se justifier. Tout dans l'implicite, n'expliquer que si l'envie nous vient, et laisser le public réfléchir de lui-même.
Masterclass avec Stephan Zimmerli
Grâce à la Comédie de Caen et l'Université, j'ai pu participer à une masterclass sur l'architecture interne !
Nous avons dû réaliser notre "palais mental"...
Mon cahier d'Espace Théâtral
Dans le cadre des cours du deuxième semestre en L2 Arts du Spectacle Théâtre, nous devions tenir un cahier de bord d'espace théâtral. Nous avions la liberté d'en faire un objet plastique, et de nous amuser avec, ce que j'ai fait.
Voici les 80 pages de ce cahier.
Représentés, dans l'ordre d'apparition :
Julien Campani en Tartuffe, Valentin Boraud en Sganarelle / en Lucien de Rubempré, Émilien Diard-De œuf en La Grange / en fondeur / en poète fou / en singe / en Mads / en Blondet, Clovis Fouin en Finot, Thomas Durand en Lousteau, Jean Vilar, Peter Brook, Olivier Py, Pierre-André Weitz, Bertrand de Roffignac en Peer Gynt, Fabien Cavaillé (notre professeur), Thomas Fersen, Richard Fontana en Horace Bianchon, Léo Cohen-Paperman, Joseph Fourez en Dauriat, Morgane Nairaud en Coralie, Lazare Herson-Macarel en Nathan.
Quelques dessins extraits du cahier :
Ecrire à ses idoles
"Avoir des idoles donne la foi de continuer." - citation de la rencontre avec le NTP (30/01/25)
L'artiste se nourrit du travail des autres pour avancer, car on ne peut créer sans rien sur quoi se baser. Si la fameuse citation de Lavoisier "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme" est valable en chimie, elle l'est aussi en Art. Voilà pourquoi il ne faut pas avoir honte de s'inspirer du travail des autres pour soi-même créer (sans pour autant tomber dans le plagiat : il y a une grande différence entre les deux… !), et voilà pourquoi il faut honorer ses "idoles".
Honorer ses idoles peut passer par le fait de leur écrire. Alors, oui, dans mon cas, une grande majorité de ces idoles nous ont quittés depuis belle lurette, mais écrire ne veut pas dire envoyer. Il y a quelque chose de cathartique dans le fait de s'adresser à l'objet admiré, sans filtre, sans honte. Oser dire, se confier, puisque l'autre ne répondra que dans notre imagination fébrile. Est-ce qu'on appelle la liberté ?
Si je me permets d'écrire des phrases comme "Je ne te ressemble pas parce que je t'admire. Je t'admire parce que je te ressemble," c'est bien parce que l'objet ne lira jamais ce que je lui adresse. Et pourtant, je m'autorise à lui parler à travers le filtre de l'irréel. Une discussion inégale ? Peut-être. Je ne le vois pas comme tel. Chaque mot écrit à l'objet est une réflexion posée, une importance accordée à certaines pensées.
L'humain, beaucoup l'ont déjà remarqué, a besoin d'un dieu pour vivre, pour se trouver un but. Mais, le dieu n'est pas (forcément) Dieu au sens religieux de terme. Si certains ont bel et bien attribué ce rôle à la religion, le dieu dont je parle est quelque chose de plus large encore. Au même titre que chacun a ses propres démons, chacun aura son propre dieu (ou ses propres dieux), puisque ce dieu n'est ni plus ni moins que la chose qui donnera un sens à la vie. Pour moi, le dieu est le théâtre et les Arts, et les idoles découlant de ce dieu... Vous les connaissez déjà. Ainsi, écrire à ses idoles fait office d'une prière au dieu personnel et athée de l'écrivain encore caché dans l'ombre.
(De plus, ces lettres inavouables serviront peut-être un jour (qui sait) pour préparer de réelles discussions avec ces personnages.)